Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog philosophique de francois CHARLES

defense

Rejouissons-nous, un avion européen dansera la Samba !

22 Décembre 2013 , Rédigé par francoischarles Publié dans #défense

Lire la suite

Le livre blanc sur la défense 2013 : consolidation et contradiction (2/3)

17 Juillet 2013 , Rédigé par francoischarles Publié dans #défense

Suite de la partie I

 

 Le livre blanc sur la défense est sorti. Au lendemain d’un séminaire européen de haut niveau où j’ai entendu des militaires européens demander des directives politiques, à l’heure où le Président de la République ne parle que d’Europe, je m’attendais à un livre nouveau, même si le drapeau allemand ne s’est pas baissé, traditionnellement, devant le chef de l’Etat français le jour du 14 juillet.

 

Par François CHARLES

Economiste, conseil en stratégie et management, ancien responsable d’affaires industrielles Europe et Asie à la DGA, DESS Défense, Président de l’IRCE.

 

retrouvez cet article sur le Cercle Les Echos


V : L’engagement de la France dans l’Alliance atlantique et dans l’UE. « Non au replis sur soi pour nos seuls intérêts vitaux, non à la sécurité déléguée à l’OTAN, non à la défense européenne intégrée ». Au moins c’est dit clairement. Mais avec peut-être trop de force et sans méthode apparente de pensée raisonnée. Le livre blanc ne fait apparaitre l’OTAN que politico-militaire alors qu’elle est également économique avec des  montants financés par les membres pour l’acquisition et la maintenance, voire qu’elle est diplomatique quand sa force elle-même peut dissuader. Tout le monde reconnait par contre que l’OTAN sert à « développer en temps de paix des procédures et des standards communs ». Mais cet aspect est essentiel pour l’interopérabilité des forces et cette normalisation est une arme commerciale dont nous aussi pouvons profiter face désormais à la Chine ; la Corée et le Japon étant déjà aux normes étasuniennes. L’Union Européenne (UE) y apparait  commerciale, économique et diplomatique. Là il s’agit sans doute d’un souhait car beaucoup de monde en France  attend cette affirmation diplomatique.

 

Il est fait état de  défense intelligente, « smart defence », par optimisation des dépenses militaires alliées par le biais de mutualisation, d’acquisitions internationales et par le financement en commun de capacités alliées. On ne parle évidemment pas de l’effet fédérateur négatif  du F-35 pour ne pas heurter nos alliés mais cet exemple devrait vraiment être traité avec courage entre européens, ce qui n’est pas encore le cas. « L’OTAN et l’UE ne sont pas concurrentes ». Elles sont donc complémentaires  mais je ne vois ni ne lis les différences. Je ne lis pas non plus qu’il faut savoir profiter de l’OTAN comme d’un effet de levier pour valoriser la coopération européenne et investir en Europe avec l’aide notamment des Etats-Unis et du Canada. Nous sommes finalement peu à avoir voulu et compris l’intégration globale car peu ont vu, surtout des militaires, comment nous pouvions manœuvrer en faveur de l’Europe comme nous avons réussi à le faire pour l’ACCS. « La France dans l’UE » rappelle qu’il faut faire face ensemble et que « la construction européenne en matière de défense est une priorité » (…) mais sans donner la clé qui est de travailler sur des documents uniques mais en communiquant ensuite avec l’identité de chaque nation. Oui, il faut donc faire un livre blanc de l’UE, et oui, la PESC doit être un instrument et non une fin en soi. Oui, l’analyse des risques et des menaces et les conjonctions d’expériences d’actions extérieures doivent être partagées mais il n’est pas fait état de la méthode individuelle et collective. Oui il faut une augmentation de la capacité d’action extérieure mais sans vraie segmentation au-delà de l’accord naval franco-britannique, la notion de défense restera de permanence ou de circonstance. Il fallait bien un paragraphe sur l’OCCAR (organisation conjointe en matière d’armement qui gère les programmes généralement trop franco-ci, franco-ça), sur la consolidation de la Base Industrielle Technologique de Défense (BITD), sur l’Agence Européenne de Défense, et sur la stratégie intégrée. Mais si le fait d’en parler ne résout rien, cela réaffirme certes une notion de politique industrielle parfois abandonnée puis remise en avant mais sans parler d’Europe intégrée ni d’en donner les clés. Nous y reviendrons plus tard.

 

VI – la mise en œuvre de la stratégie

 

Le livre blanc de 1972 parlait de dissuasion, celui de 1994 de l’armée de métier, celui de 2008 de l’extension stratégique de sécurité nationale et enfin celui de 2013 réaffirme la connaissance et l’anticipation, la dissuasion, la protection, la prévention et l’intervention notamment à travers le renseignement d’origines multiples, à savoir humaine, électronique et informatique. L’aire toute puissante des drones est arrivée pour l’organisation du renseignement. Mais les avions et les navires sont encore là pour emporter les missiles nucléaires en espérant un désarmement total et son contrôle. On y parle rapidement des problèmes d’eau en Afrique mais n’oublions pas non plus qu’elle est une source de tension réelle à nos portes entre notamment la Turquie et ses voisins arabes. Il est enfin réaffirmé que la France doit et veut se doter des capacités à s’engager dans les zones prioritaires définies que sont la Méditerranée, l’Afrique, le golfe arabo-persique et l’océan indien pour des interventions « seul ou avec alliés » dans tous les domaines ainsi qu’en gestion de crise  civile et militaire. J’y rajouterais « dans les limites de certaines réalités et désormais d’options réalistes et réalisables » pour contraster avec notre ancienne politique d’indépendance et du coûte que coûte qui est par ailleurs toujours développée au Japon qui se « réveille » peu à peu militairement.

 

VII – les moyens de la stratégie

 

La période 2014 – 2025 se verra allouer 364 Md€ dont 179 pour la loi de programmation militaire 2014 – 2019 qui n’est pas encore sortie et qui empêche certains responsables de la DGA d’intervenir en colloques. Comme je l’écrivais dans un précédent article, il s’agit d’un budget de sagesse qui de toute façon servira comme toujours de variable d’ajustement. Je pense que le salut de consolidation pourra en partie venir de l’Europe avec la création d’une direction générale avec un budget dédié par règlement au-delà d’un service extérieur relié à la DG Relex. La position française revient au premier plan quand on lit qu’il faut « pouvoir entrer les premiers sur un théâtre d’opération ». On parle désormais DU porte-avions, mais sans rappeler que nous ne pouvons plus nous payer un second assurant la continuité du premier et des missions quand il est en entretien de longue durée. Nous devons donc espérer qu’il fera bon ménage dans une  force intégrée franco-britannique des deux grandes nations navales européennes où s’affrontent cependant historiquement deux logiques d’interventions différentes. Il est fait état de la rédaction annoncée du format des forces mais sans aucune piste sur l’imbrication qualitative européenne alors que le début de l’ouvrage parle d’ouverture vers la segmentation. La France veut donc une intégration mais ne parle que d’elle, ce qui ne reflète pas le discours politique européen. Le sujet A400M qui n’a toujours pas été vraiment résolu de façon satisfaisante dans sa globalité est LE vrai sujet fédérateur européen du moment. Il semble pourtant être mis sous silence, comme s’il était réglé, notamment sur la maintenance qui doit rester l’élément clé pour une vraie approche européenne afin de ne pas revivre les dérives du TRANSALL. Par contre, la dimension européenne et de sécurité nationale est bien affirmée pour lutter contre le terrorisme, pour la gestion de crise, la continuité d’activité (incluse théoriquement dans la gestion de crise…), la vigilance  NRBC et la cyber-sécurité en activant la réserve citoyenne mais sans mettre en avant l’académie de gendarmerie européenne. Enfin, on aborde le domaine des satellites avec Galiléo, vrai autre projet européen qui devrait davantage être mis en porte étendard pour rappeler que la coopération européenne est possible et nécessaire.

A Suivre : partie VIII sur l’industrie de défense et de sécurité


Lire la suite

Un livre blanc sur la défense de consolidation et de contradiction (1)

14 Juillet 2013 , Rédigé par francoischarles Publié dans #défense

 Le livre blanc sur la défense est sorti. Au lendemain d’un séminaire européen de haut niveau où j’ai entendu des militaires européens demander des directives politiques, à l’heure où le Président de la République ne parle que d’Europe, je m’attendais à un livre nouveau. Cinq ans après le dernier livre blanc, certains y trouveront certes une dimension stratégique à 15 ans qui consolide les aspects de « sécurité », passant parfois outre certaines réalités particulières de la défense. J’y ai trouvé certains souhaits et des contradictions du fait de la façon cloisonnée dont est écrit ce livre pour lequel j’ai contribué auparavant. Je n’y ai pas trouvé la phrase qui dit que la France sera aussi ou plus forte si l’Europe est plus forte. Je me demande aussi parfois si le LB est un document de « politique  générale » ou s’il reflète les états d’âmes et s’il ne pourrait pas enfin bénéficier de certaines méthodes de réflexion stratégiques et opérationnelles, très peu connues et utilisées en haut lieu.

 

 

Par François CHARLES

Economiste, conseil en stratégie et management, ancien responsable d’affaires industrielles Europe et Asie à la DGA, DESS Défense, Président de l’IRCE.

 

Ce livre blanc, qui réaffirme certaines positions, est raisonnable sur les moyens en réorientant sur l’essentiel, prend peu position sur l’industrie, sur les meilleures coopérations, sur une certaine façon de tirer profit de l’OTAN, ou comment mieux construire avec les autres. Les études et événements de l’IRCE et d’autres ONG tenteront donc d’y répondre. Pourtant cela commençait bien… « Ecrit avec un Allemand et un Britannique (...) cette ouverture a un sens ». Il est de plus fait état du constat de la réorientation étasunienne sur l’Asie avec  une certaine demande aux Européens de se prendre en charge, de la nécessaire « capacité d’initiative et d’entraînement » française pour répondre au besoin collectif, et de la nécessité de rendre possible une « mobilisation et une coordination des ressources ». C’était sans compter hélas sur la sempiternelle façon de voir l’Europe uniquement par une vision d’ailleurs partielle de son moteur qui n’est rien sans le véhicule,  et inversement.

 

I - La France dans le nouveau paysage stratégique. « La France reste dans le groupe des cinq ». Mais je rajouterais une interrogation quant à la prise de conscience, parfois, que nous sommes forts sur la scène internationale et européenne même face aux Britanniques et leur logique différente de défense maritime et face aux Allemands qui ont inclus la notion d’Europe dans leur constitution. Mais cette prise de conscience doit nous dire aussi que nous ne sommes qu’une partie du moteur, qu’il en manque peut-être certaines pièces essentielles et doit nous donner des cartes de négociations plutôt qu’une légitimité à faire seuls.

 

II – Les fondements de la stratégie de défense et de sécurité nationale. On y parle de « souveraineté » et de moyens d’influencer, de « capacités » permettant également de s’engager dans des politiques de dépendance mutuelle avec ses partenaires de l’Union Européenne ». Mais ensuite apparaissent des mots en trop, qui montrent une volonté d’Europe mais en pensant surtout à soi. On parle bien entendu d’intérêts vitaux sans les définir pour mieux les adapter aux circonstances. Je vois bien là certains propos non raisonnés de souveraineté également « globale ». La phrase magique apparait enfin mais bien tardivement alors qu’elle aurait du figurer en tète pour ouvrir le débat : « La France est prête à une plus grande spécialisation des nations européennes fondée sur la reconnaissance des pôles d’excellence ». Elle se referme ensuite bien vite pour « assurer la légitimité de nos actions » avec des « relations régies par le droit ».

 

III -  L’Etat du monde. Trois grands facteurs dimensionnant apparaissent pour l’Europe et la France notamment pour ses missions dans l’océan indien et pacifique : la Chine, les révolutions arabes et l’évolution stratégique étasunienne qui conserve le premier budget militaire avec 41% des dépenses mondiales en 2012. Ne pourrait-on pas demander finalement ce qu’en pense l’Europe pour une présence dans ces régions au-delà d’une simple voix forte qui n’existe d’ailleurs pas ? Il est fait état de « la crise de l’euro né dans le prolongement de la crise financière » alors que notre monnaie n’a jamais été en crise et nous a au contraire protégés contre les spéculations. « L’Europe n’est pas prête à prendre le relais » mais nous posons-nous les bonnes questions et savons nous suffisamment tirer profit de l’incubateur qu’est l’OTAN ? Nous cherchons un juste équilibre entre la prise de conscience des menaces et les sentiments nationaux en cas de problème de croissance et de situation économique défavorable. Il est intéressant de lire qu’an Asie, les budgets de défense additionnés de la Chine, de la Corée du sud, de l’Inde et du Japon, sont supérieurs au budget de l’Union et que les différends territoriaux peuvent rouvrir les plaises non cicatrisées. Mais il serait peut être intéressant de s’en servir pour resserrer nos rangs au-delà d’un simple constat. Le passage sur la Russie oublie ses origines. Il manque d’une façon générale, une vraie application de la théorie des organisations. Si les menaces chimiques inquiètent toujours depuis 1916 et si les menaces informatiques et le cyberterrerisme peuvent aussi bien rassembler que diviser, le risque biologique sécuritaire est presque oublié, pourtant accru par la mondialisation. Cette photo du monde parle certes du changement climatique qui ouvre la route glacière Nord mais n’aborde pas le nucléaire civil, et surtout les volontés d’indépendance énergétiques, des risques liés à l’eau et au pétrole et oublie donc la segmentation européenne. Mais la souhaite-t-on vraiment ?

 

IV – Priorités stratégiques. Elles sont traditionnelles : « protéger le territoire national et nos ressortissants » mais sans parler de défense civile ni économique, « garantir la sécurité en Europe et l’espace nord atlantique », « stabiliser les approches de l’Europe ». Mais également… « Stabilité de l’Orient et du golfe persique » avec enfin un regard sur le pétrole, « politique de voisinage » notamment avec la Russie et le pourtour méditerranéen. Mais Cette fois-ci le Pacifique est oublié. Allez savoir. On y parle aussi d’architecture de sécurité collective. Un autre aspect valorisant la sécurité pour la paix dans le monde est de mentionner Atalante, la première opération navale d’ampleur de l’UE contre la piraterie, un clin d’œil pour l’approche globale défense et sécurité militaire et civile, sur laquelle tout le monde n’est pas d’accord au sein du ministère (…) et la logique britannique de protection des convois. « L’ouverture du conseil de sécurité à de nouveaux membres  dont l’Inde » est intéressante mais sans donner de critères d’intégration pourtant essentiels, comme nous en avons pour l’UE. Le fait d’envoyer une fusée et d’acheter des avions de chasse n’est certainement pas suffisant. Il n’est pas beaucoup fait état de l’Afrique, soit pour faire oublier cette toute puissance ou cette légitimité que nous avons, soit pour ne pas savoir assumer la représentativité de l’Europe, qui fut néanmoins présente au Mali, alors que nous scandons que nous sommes forts ? Peut-être que la menace n’était pas devenue suffisamment  importante au regard des autres pays ? Ou alors, prenons-nous seulement conscience que l’Afrique était autrefois essentiellement colonisée par deux grandes nations et que la communauté malienne est la plus grande en France ? Ou enfin,…faut-il remercier les Chinois de nous avoir laissé faire à l’ONU pour protéger en fait leurs intérêts économiques croissants en Afrique ? Je préfère dire que l’Europe y est allée d’elle-même et me souvenir de ce Malien, me croisant dans une grande entreprise audiovisuelle, et remerciant chaleureusement l’UE pour son intervention en voyant l’insigne étoilé de ... l’IRCE.

 

 

Lire la suite prochainement

Lire la suite

Vers quel modèle de défense européenne ?

21 Avril 2013 , Rédigé par francoischarles Publié dans #défense

L’Union n’est pas un assemblage de peuples mis bout-à bout et la confiance passera par la défense où les réalités historiques sont les plus vivaces. Il est donc important d’analyser toutes les composantes en travaillant sur un document unique pour aller de l’avant.Une autre question aurait pu être : la défense européenne doit-elle être permanente ou de circonstances ?

 

airbus a400m l2

Je suis poussé à l‘écrire au lendemain de la rencontre surprenante, incorrecte et non constructive avec l’un des députés rapporteurs de la Commission des affaires européennes de l’Assemblée Nationale auprès duquel j’ai compris certaines édifiantes réalités « de coin de table ». Je comprends mieux pourquoi l’Europe de la défense n’avance pas en dehors de l’OTAN que je considère, par ailleurs et par expérience, être un vecteur d’intégration européenne, un incubateur, qui peut même participer à son financement.

 

Par François CHARLES

Economiste, officier de l’armement en retraite, conseil en stratégie et management, président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe.

 

S’agissant des forces, la création progressive d’une armée européenne fédérale, présente dans chaque pays, au-delà des modèles d’assemblage existants et avec des moyens propres, est réaliste et doit être un objectif. l’Eurocorps franco-allemand de 1992, issu de la brigade franco-allemande de 89, et rejoint ensuite par la Belgique, l’Espagne (94), le Luxembourg puis en observation par la Grèce, la Pologne, l’Italie, l’Autriche, la Roumanie, a fait ses preuves pour les missions ONU, OTAN et UE en Bosnie Herzégovine (SFOR 98) puis KFOR au Kosovo puis en Afghanistan (2004)  via les Accord SACEUR définissant les conditions d’emploi du corps européen dans un cadre OTAN (et de l’ISAF  Intervention Security Assistance Force après un test de capacité opérationnelle). L’Eurocorps est à disposition de l’UE en cas de crise et des accords techniques sont passés depuis 2003 avec la Pologne, la Turquie, l’Autriche.

 

Y introduire la Turquie, est à mon avis une erreur tant que ce pays non européen n’est pas membre de l’UE et c’est encore une preuve de dépendance à l’OTAN, de même qu’Israël ne peut être membre de l’UE même si nombre d’Israéliens le pensent car européens d’origine. Il faut être prêt à nous assumer maintenant que les Etats-Unis se déportent vers l’Asie. Le partenariat pour la paix doit être élargi et notre regard doit se tourner désormais vers la Biélorussie et l’Ukraine pour une intégration jusqu’à l’Oural. Je me souviens des Russes à Bruxelles, tres nombreux. Ils ont soif d’Europe, entretiennent une culture proche, mais possèdent aussi certaines légitimités d’identité qui les fait s’opposer à certaines adhésions sans leur consentement, comme celles de pays baltes.

 

Notre désengagement de l’OTAN était à son époque une nécessité pour mieux affirmer notre identité. L’Allemagne y a été aidée économiquement et internationalement car les alliés l’ont voulu pour éviter les déséquilibres. Il convient désormais de fonctionner de concert en interalliés et notre voix ne se fera d’autant plus entendre que nous sommes intégrés. J’entends encore récemment des collègues officiers maudire les petits pays. Ils n’ont rien compris. Ces derniers peuvent être une clé du fédéralisme plutôt qu’une crainte, comme j’ai réussi à le faire dans le cadre des négociations sur l’ACCS. Nous devons tirer partie du fonctionnement financier et opérationnel de l’OTAN et profiter de ses financements pour l’Europe. L’Eurocorps doit également désormais prendre une nouvelle dimension et activer sa capacité juridique et sa gestion autonome financière et matérielle qui existe. Il n’est pas forcément utile de créer une unité commune mais il est possible de reconnaitre une spécialisation par pays ou par zone d’intervention pour une certaine efficacité et une approche commune avec des sous-groupes de fonctionnement. Oui, l’idéal d’une force commune est beau mais en tant qu’expert en stratégie et en organisation, je sais que rassembler par autorité n’est pas bon et mieux vaut valoriser par nécessité extérieure. Nous l’avons vu en Irak ou en Afghanistan. Parfois les uns et les autres apportent leur savoir faire et leur savoir être et il est concevable que les forces françaises puisse agir d’un coté et les Britanniques ou les Allemands de l’autre de par leur expérience ou présence historique. Il convient pour autant désormais d’installer partout en Europe des unités communes pour mieux sensibiliser et non en faire uniquement un service d’actions extérieures. Des soldats pourront servir progressivement sous un même uniforme mais avec distinctions et avec un matériel géré en commun mais surtout être connus par la population. Nous devons continuer les efforts sur les vecteurs de coopération entre Nations déjà engagés tels la formation de pilotes, le ravitaillement en vol, l’observation aérienne, les Partenariats Publics Privés qui sont nés dans la défense dès Louis XIV !

 

S’agissant d’un service militaire, De Gaulle écrivait déjà que l’armée de métier était déjà que c’était une force de réaction efficace face au glacis de champagne et  face à la technologie avancée. Je rappelle que notre décision d’armée de métier était politique mais liée à trois éléments : au fait que nos appelés étaient à peine formés sur les matériels de plus en plus techniques lorsqu’ils qu’ils partaient ; aux réalités de nos opérations désormais extérieures et enfin au coût humain toute chose égale par ailleurs, sur lequel j’ai d’ailleurs travaillé et dont la conclusion était que la charge financière était identiques entre une armée de circonscription et de métier au delà des problèmes de recrutement que vivait le Royaume-Uni. Entendre un député, qui plus est rapporteur, dire que cette troisième composante n’a pas été prise en compte est inadmissible surtout quand on sait que les appelés peuvent servir à l’intérieur du territoire pour des taches diverses et pour la défense civile et économique, et peuvent aussi en profiter pour se confronter à la discipline en tant qu’école de vie. Dans l’Europe des 27, sept pays ont conservé une obligation de servir : l’Allemagne (6 mois), la Finlande (milice) l’Estonie, le Danemark, l’Autriche qui vient de la réaffirmer, la Grèce et Chypre.

 

S’agissant des matériels et équipements, il n’est plus concevable que les programmes en coopération de défense coutent en fait souvent plus chers qu’un programme normal alors que nous avons su faire Airbus, certes avec des réalités « civiles » parfois plus contraignantes mais parfois réalistes. Je répète tout le temps que dans le civil, on fait la guerre « tous les jours ». Les comportements dans l’industrie de défense, comme des militaires, doivent également changer pour éviter de copier ce que fait l’autre par principe de souveraineté. Le forcing EADS de la logique industrielle unique pour l’A400M n’est-elle finalement pas une bonne idée pour éviter toute dérive de gestion de configuration ? Les clubs utilisateurs Rafale et Eurofighter, comme Mirage et Tornados doivent se rapprocher car les expériences sont complémentaires. Le NH90, appareil de l’OTAN, peut servir de vecteur d’intégration, tout comme la directive marché sur laquelle je me suis déjà exprimé.

 

De nombreux thèmes de discussion sont proposés à tous les attachés de défense européens à Paris pour leur donner la parole et nous permettre de mettre d’autres lunettes. Dommage que trop peu de Français participent aux débats. 

Vers quel modèle de défense européenne ?
Lire la suite

Corée du Nord : encore un loupé pour l'UE ?

30 Mars 2013 , Rédigé par francoischarles Publié dans #défense

La Corée du Nord est passée en état de Guerre. Faut-il s’en émouvoir ou laisser l’affaire aux Etasuniens et leurs alliés asiatiques sur la région ? La voix de l’Europe ne doit-elle se faire entendre que si ses frontières sont attaquées ?

 

Par François CHARLES

Ancien responsable  pour les affaires industrielles internationales d’armement avec l’Asie, auteur de nombreux articles sur la région, président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe (IRCE)

 

La Corée du Nord se sent agressée par différentes manœuvres et ce regain d’attention des Etats-Unis. Les jeux s’identifient à « donne-moi des coups de pieds » et au « Schlemiel » (rusé) qui consiste à ne pas montrer sa colère, sans forcément attendre ni exprimer le pardon. En Europe, avec ce jeu nous avions frôlé une nouvelle guerre en 1989.

 

Alors que dernièrement, il était question d’une réunification économique entre les deux Corées, mais sans doute sous condition, ce revirement d’attitude ne semble pas émouvoir les sud-Coréens habitués à ces va-et-vient. La Chine n’a pas besoin de guerre en ce moment. On voit mal la Russie intervenir en pleine reconstruction, avec sans doute toujours le testament de Pierre le grand néanmoins dans la poche,  même si elle n’a toujours pas de traité de paix avec le Japon.

 

La voix de l’Europe forte pourrait être opportune face à cette menace, bien que lointaine, mais qui concerne tout autant la politique de sécurité extérieure de l’Union en cas de réaction en chaine du conflit. Ne serait-ce pas aussi une nouvelle opportunité de gestion de crise pour apprendre à réagir entre européens sans forcément passer pour les gardiens du monde ?

 

Madame Ashton semble être en accord avec les propositions de sortie de crise de l’IRCE pour la Syrie (voir réponse sur le site de l’IRCE). Pour autant, la crise asiatique est bien différente car expansive, sans doute aussi pour sortir d’une certaine pauvreté. Si les images prises du ciel en pleine nuit nous montrent un grand point lumineux sur la Belgique en Europe, elles nous montrent un grand trou noir en Asie au dessus de la Corée du Nord, sans doute pas à cause des économies d’énergie. Et gare aux guerriers le ventre vide qui ont trouvé la lance sacrée

 

Qui est concerné en Asie ? La Corée du sud, comme le Japon, possède une vraie défense et des matériels de haute technologie. Mais contrairement au Japon, dont les chantiers navals ont pourtant été dessinés par un Français, le pays du matin calme est liés aux Etats-Unis mais aussi à la France qui aurait du lui vendre le rafale, et à l’Allemagne. Et n’oublions pas également que certains de nos compatriotes sont tombés en Corée du sud lors dans les années 50.

 

Je veux espérer que l’attitude de madame la haute représentante de l’Union pour la politique extérieure représente bien la communauté dans son ensemble plutôt que la voix britannique historiquement très liée à nos grands alliés et qui pourraient demander de « laisser faire ». La défense européenne n’est pas l’enfant adapté qui doit intervenir quand le grand frère nous le permet.On peut rappeler qu’au Mali, les interventions logistiques alliées ont été supportées pour l’instant à hauteur de 129 par la Belgique, 95 par l’Allemagne, 70 par les Etats-Unis, 37 par le Danemark et 2 seulement par les le Royaume-Uni. Il aurait été intéressant et valorisant de voir certains soutiens de la nouvelle Europe, certes plus limités.

 

Lors de mes différents entretiens, certaines visions externes à l’Union ne voient pas comment nos différents pays peuvent fonctionner ensemble, alors qu’ils n’y parviennent pas eux-mêmes. Nous pouvons leur prouver le contraire. 

COREE DU NORD : Encore un loupé pour l’Union européenne ?
Lire la suite

Intervention « pour l’instant française » au Mali

14 Janvier 2013 , Rédigé par francoischarles Publié dans #défense

L’Europe, comme souvent toute forme d’organisation, avance souvent grâce aux crises. Comme je l’ai déjà longuement exprimé dans les articles sur le fédéralisme, la confiance passera sans doute par la défense. Dans la continuité des solutions trouvées en matière économiques il peut être intéressant de profiter de l’intervention au Mali pour se poser la question du modèle fédéral à adopter et  de savoir si l’Europe serait intervenue aussi rapidement, voyant le risque s’aggraver, le jour où elle changera de gouvernance. J’en doute pour demain vu le peu d’entrain des pays déjà fédéraux à vouloir y travailler.

 

Par François CHARLES

Président de l’IRCE, expert défense, ancien responsable d’affaires internationales à la DGA

 

Il n’est pas question de remettre ici en cause cette intervention approuvée très largement, insérée dans une décision du conseil de sécurité de l’ONU de décembre, même si elle s’est orientée un peu différemment devant la précipitation des événements. Il n’est pas question non plus de parler de la Mauritanie et de son échec, rappelant un peu celui des étasuniens en Iran.

 

Combien de personnes ont entendu pour l’instant parler de l’Europe dans cette crise ? Il est vrai que les communiqués parlent d’une force africaine (Sénégal Cote d’Ivoire, Burkina…) logistique européenne (Allemagne et R. Uni) mais également américaine en logistique et renseignement. Il est vrai que nous n’avons pas non plus entendu parler de l’OTAN mais il est vrai que les Etats-Unis sont plus orientés vers l’Asie désormais. Il a donc été sans doute plus facile de décider de cette intervention sans le véto réactif de la Russie et de la Chine. Mais n’oublions pas non plus que si l’Afrique a des minéraux, ce pays asiatique est un des premiers investisseurs en terres agricoles et n’a peut être pas envie de voir la révolte s’étendre sur la cote est. Mais peut être ne fallait-il pas en parler pour que cela avance ou à considérer que l’Europe reste donc économique et juridique ?

 

Qui a entendu le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, vice président de la Commission, et président et mandataire du Conseil «affaires étrangères » avec pouvoir important même d’initiative et promoteur de la cohérence de la politique extérieure de l’Union et de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC)? Qui  a entendu le secrétaire général exécutif du Service Européen d’Action Extérieure, véritable service diplomatique ?

 

Peut être a-t-on considéré qu’il s’agit d’une affaire « africaine », voire française ? Même si notre pays possède des forces pré positionnées, c’est oublier qu’intervenir au Mali fait aussi partie de la politique de voisinage et de sécurité européenne pour endiguer les risques de terrorisme en Europe mais aussi de flux migratoires. Dans une interview sur France 3, le député européen Arnaud Danjean, président de la sous-commission défense du parlement européen, est un des rares à parler de mission d’assistance militaire européenne qui devrait se déployer au Mali. Il déplore hélas une certaine lenteur dans le travail et la prise de décision même si « une certaine prise de conscience existe » sur cette zone plutôt d’intérêts français. Il est vrai que la communauté malienne est la plus importante en France.

 

Le Constat est qu’il faut une Europe politique avec un président élu au-delà de la nomination du haut représentant actuel. Nous devons vraiment nous poser la question d’une défense unique et permanente ou de circonstance, sachant intégrer les petits pays, au-delà de l’Eurocorps, avec des forces   complémentaires et segmentées dans leurs missions, leurs identités et leurs équipements développés et maintenus par des agences remodelées et efficaces.

 

Lire la suite

budget de défense 2013

29 Septembre 2012 , Rédigé par francoischarles Publié dans #défense

En tant qu’expert défense et ancien officier de la Direction Générale pour l’Armement en charge d’affaires industrielles et de programmes, je me devais de réagir sur le budget 2013 sur la défense. Tous les détails sont écrits dans de très bons articles, notamment la Tribune à qui je ne reprocherai qu’un seul mot : le titre. Non, la France ne désarme pas meme si certains amis ingénieurs généraux, pourtant proches du pouvoir, s’en plaignent.

 

Mais allons au-delà des chiffres. le budget stagne-t-il ou se réduit-il ? Je vais répondre comme pour le nucléaire : les deux mon capitaine. Encore une fois, et comme pour l’énergie nucléaire, ce gouvernement fait preuve de sagesse. D’une part, le budget reste en fait constant, donc en baisse en crédits de paiement, mais d’autre part il est vrai que la loi de programmation militaire ne sera donc pas suivie, comme s’y engouffre la droite une peu trop extravertie sans se souvenir que nous n’aurions pu faire mieux sauf ne pas tenir nos promesses de rigueur budgétaire.

 

airbus_a400m_l2.jpg

 

Certes, le budget de la défense a toujours été une variable d’ajustement et nous le déplorons. La plupart des commandes est maintenue avec enfin un avion de transport digne de ce nom et une limite d’impact sur les industriels et notamment les PME, heureusement autant que possible payées en direct. L’effort est conservé sur la recherche qui est garante d’une certaine démarche de continuité et qui devra renforcer sa cohérence avec l’Agence de défense européenne. Certains programmes auraient pu etre arretés comme nous l’avons déjà fait avec courage mais il n’en est encore rien.

 

Le grand poste sur lequel il reste à faire des efforts d’optimisation et de bonne gestion reste le Maintien en Condition Opérationnelle (MCO). Contrairement à ce que je lis, il ne s’envole pas s’il est compensé par des mesures d’externalisation de personnels, repris généralement par l’industrie, un travail à livre ouverts, à couts objectifs, à bonus ou malus dans les contrats. Nous savons aussi y remettre le paquet pour les opérations extérieures (OPEX) afin d’assurer nos missions. Le salut viendra sans doute par un meilleur décloisonnement industriel sur toute la durée de vie du matériel et en valorisant la maintenance en amont des programmes. Misons aussi sur les industriels qui ne s’enrichiront pas au son du canon alors qu’ils peuvent travailler à prix coutant avec avance, comme ils l’ont déjà fait en 2002. Nous nous retirons d’Afghanistan certes avec une bouffée d’oxygène mais profitons enbu pour nous assurer de certains stocks de munitions si nous allons guerroyer désormais sur les bords de la Méditerranée.

 

J’espère que les prochaines journées « vendre à la défense », qui seront organisées l’an prochain en Bourgogne-Franche Comté avec présence des Etat-major, de la DGA et de l’agence logistique principale de l’OTAN, seront un succès pour les entreprises de nos deux régions.

 

 

Lire la suite

jour de St Michel fete des paras

29 Septembre 2012 , Rédigé par francoischarles Publié dans #défense

 

En ce jour de fete des paras, une pensée pour mes anciens camarades de saut au 13e RDP (pardon pourla qualité je suis le jeune prétentieux en entier en partant de la gauche)  et pour tous les paras qui ont servi la France

 

IMG-20120929-01292.jpg

 

voir le site militaire de mémoire parachutiste

 

IMG00885-20100104-1151

 

PS : je pardonne à mes "amis" malveillants et notamment dans certaines institutions, qui ont fait passer partout en Cote d'or, à cause de la politique, que je n'étais pas ceci ou cela ... ils ne peuvent pas comprendre...

Lire la suite

autres images du 14 juillet

14 Juillet 2012 , Rédigé par francoischarles Publié dans #défense

 

mehariste-14-juillet.jpg

revue des m2hariste par le Président Coty

photo INA

 

defile-arc-de-triomphe.jpg

premier défilé sous l'arc de triomphe

 

  mais cette année, cela faisait 50 ans que les chasseurs n'avaient pas défilé avec leur pas rapide

 

chasseurs-defile.jpg

photo Elysée

 

et trouvez charlie.....

IMG-20120718-00886.jpg

photo rené Maffre

Lire la suite

mes propositions pour le livre blanc de la défense nationale

14 Juillet 2012 , Rédigé par francoischarles Publié dans #défense

 

depuis 1992, j'ai participé à deux livres blancs et une consultation nationale sur l'avenir de l'industrie aéronautique

 

je vous annoncerai prochainement les voies d'optimisation dont je ferai part au Ministre de la défense en matière de défense nationale (militaire, civile et économique), industrielle dont maintenance, europe, interventions dans le monde, organisation territoriale, service militaire...

 

NB de nov 2012 : elles seront également incluses dans mon livre de vision politique à paraitre prochainement

 

livre-blanc.jpeg

Lire la suite
<< < 1 2 3 4 > >>