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Le blog philosophique de francois CHARLES

Le prix Charlemagne part aussi en Ukraine lors d’une nouvelle tournée de sagesse ?

16 Mai 2023 , Rédigé par francoischarles Publié dans #europe

Après l’attribution du Prix Charlemagne aux militantes biélorusses des droits civiques, le Prix Charlemagne 2023 est décerné au président ukrainien Volodymyr Zelensky et au peuple ukrainien pour leur combat en défense de la démocratie et contre la guerre non provoquée et injustifiée menée par la Russie. La distinction était remise lors d’un nouveau périple européen entre Italie, Allemagne, France et Royaume-Uni pour remplir le panier d’armes dans un soutien durable tout en restant un peu moins insistant sur les avions dans une certaine conscience.

 

Par François CHARLES

Economiste, conseil en stratégie et management, relations européennes, Président de l’I.R.C.E., ancien responsables d’affaires industrielles internationales à la DGA

 

Le Prix international Charlemagne d’Aix-la-Chapelle est la récompense la plus ancienne et la plus célèbre décernée en reconnaissance de l’engagement en faveur de l’unification européenne. Qui pouvait le plus le recevoir actuellement, en présence des autorités institutionnelles, que l’actuel président ukrainien et son peuple qui défendent les valeurs de la liberté et qui peuvent aussi employer la force pour se protéger et qui « mérite de faire partie de l’unité atlantique » avec un remerciement sur l’accueil des réfugiés ukrainiens.

 

Notons une réaction de soutien de la Banque Européenne d’Investissement, sur son site, qui témoigne d’une solidarité sans faille avec l’Ukraine, après avoir décaissé 1,7 milliard d’euros de financements et 3,6 millions d’euros d’aide humanitaire depuis le début de la guerre avec un appel à contributions en faveur du fonds fiduciaire de la BEI « EU for Ukraine » pour soutenir les efforts de reconstruction.

 

Cet effort est bien entendu à rajouter à ceux des Etats-Membres dont l’Allemagne qui vient d’attribuer une nouvelle enveloppe de 2,7 milliards d’euros pour des munitions, chars, système  de missiles et d’anti missiles lors de la venue du Président combattant qui a salué le « rôle de leader de l’Allemagne, élément clé de stabilisation des relatons internationales, et sa deuxième  place après les Etats-Unis ». Nous ne saurons pas si ces mots flatteurs ont réjoui les chefs italiens, français et britanniques en espérant qu’ils ne sont pas fait pour jouer la concurrence à la chinoise.

 

Notons que la conférence de presse en Allemagne  pourrait être qualifiée de sagesse sans aborder les avions, sujet certes rattrapé ensuite par les journalistes. La question des interventions possibles en Russie a même été abordée et non repoussée par le Chancelier répondant qu’il fallait tout faire pour rétablir les frontières de l’Ukraine. S’il s’agit désormais de V. Zelensky (VZ), il en va surtout toujours de celle des alliés.

 

Merci commissaire Breton, interviewé sur une chaine française, pour avoir rappelé que c’est bien l’Ukraine qui mène cette guerre aidée par les Etats-Membres de l’UE et de l’OTAN et qui vaincra, même si tente souvent d’intégrer les Européens et leurs alliés dans la guerre.

 

T. Breton rappela aussi que les achats d’armes des Etats Membres de l’UE, gérée par l’agence de défense, comme  cela se pratique au sein de l’OTAN et comme cela a été le cas d’ailleurs pour les médicaments. Pourront se rajouter des financements pour les lignes de production.  

 

Quant aux visites de plus annoncées par VZ  pour remplir son panier et peut-être d’avions, certes la supériorité aérienne est essentielle notamment pour le moral des troupes au sol mais pas totalement obligatoire si les appareils de l’ennemi ne peuvent survoler le territoire comme c’est le cas. On peut d’ailleurs former sur des avions école pour la pratique des opérations sans forcément ensuite piloter sur Rafale ou Mirage 2000. Sous des alibis de conserver des moyens nationaux, reste la question de savoir si l’on peut avoir confiance en VZ ou à ses militaires, voire ses ministres qui ont des discours parfois surprenants. Et pourrons-nous récupérer les matériels en cas d’engagement non tenu, voire si la guerre est terminée ?

 

Enfin, faudra-t-il reconstruire tout le pays sauf à en profiter pour tout rénover mais avec de simples fonds structurels. L’intégration doit sans doute être particulière mais de toute façon pas avec un pays en guerre et avec des responsabilités et une solidarité reconnues pour calmer les avis et apriori négatifs ou les déceptions. 

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La place légitime de l’Ukraine dans l’OTAN

9 Mai 2023 , Rédigé par francoischarles Publié dans #défense

"L'Ukraine a une place légitime dans l’OTAN au fil du temps » a ré-affirmé son secrétaire général lors de sa visite à Kiev en avril 2023 « et en deviendra membre » a–t-il ensuite précisé lors de la nouvelle réunion de Ramstein du 21 avril. Le secrétaire d’Etat étasunien à la défense a ensuite complété par « L’OTAN lui fournira ce dont elle a besoin pour vivre en liberté, dont matériels et formations ». Si l’identité juridique de l’Ukraine la laisse libre de choisir, comme les Etats membres de l’accepter, cette intégration, comme pour l’UE n’est pas qu’un simple processus.

 

Par François CHARLES

Economiste, expert défense, armement, relations européennes et internationales et président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe

 

En tant qu’ancien militaire, on me pose souvent la date de la contre offensive ukrainienne, sauf s’il s’agit finalement de celle des Russes. Je pourrais répondre comme J. Stoltenberg « au fil du temps » et surtout pas quand ni où tout le monde l’attend. Si j’avais une baguette magique sans changer l’histoire, j’aimerais me retrouver après coup pour savoir si celle-ci était risquée ou non ou s’il aurait juste fallu consolider les positions ou miser sur la reconquête de terres plus ou moins annexées avant toute cristallisation déjà bien entamée vu les protections érigées. Bien sûr je pourrais aussi l’utiliser pour remonter le temps jusqu’avant 2014 et analyser les possibles erreurs faites à charge et à décharge et sans être condamné de pro-Poutine. Désormais les horreurs de la vraie guerre intensive sont arrivées du fait des actions russes et assimilées mais également de la résistance héroïque ukrainienne. Je dirai simplement que les chars - très lourds - Abrams, vont pouvoir faire leur baroud d’honneur car prévus il y a longtemps, l’étaient les Leclerc heureusement ensuite remotorisés, pour une guerre en Europe, et qu’ils ont plutôt besoin de temps sec. Mais les Léopards et autres chars plus légers seront présents. Je dirai d’autre part, au-delà du renseignement, et toute maitrise aérienne par ailleurs, que si l’on veut faire un coup de feu, il faut beaucoup de matériels dont moyens de génie. Mieux vaut savoir s’en servir avec une formation efficace, qu’il faut prévoir une deuxième ligne de soutien ou de recueil, que les munitions doivent suivre mais uniquement à la limite de la frontière et mieux vaut déjouer les plans adverses. Notons que les Etats-Unis comme la Russie n’ont plus forcément des capacités infinies sauf à relancer un réel effort de guerre. Notons enfin qu’avec déjà 65 G$ donnés ou promis par les Occidentaux, le président ukrainien remet encore sa longue liste de besoin en armes sans peur d’être trop insistant, comme le souligne aussi D. Trinquant et nous rappelant à nos risques alors que nous sommes, nous, déjà protégés au sein de l’OTAN qu’il ne peut à l’heure actuelle encore intégrer. Peut-être fait-il déjà comme pour les pratiques normales d’achats au sein de l’organisation ? Sachons garder la tête froide tout en maintenant les objectifs.

 

Mais revenons à la « bonne question » du titre en structurant la réponse entre stratégie à travers de nombreuses réalités, avec si possible des options réalistes, réalisables et déterminées dans le temps, en clin d’œil au fil du temps de J. Stoltenberg.

 

S’agissant du « quoi », juridiquement l’Ukraine peut bien entendu rentrer dans l’OTAN. Elle en a le droit même si l’Autriche n’y est pas en respect de ses conventions avec les soviétiques d’à lors, que la Suède n’y est pas encore et n’est peut être plus pressée pour ne pas répondre aux exigences turques, désormais que la Finlande, qu’y l’a intégrée, protège désormais les frontières et que l’alliance NORDESCO consolide l’approche nordique. V. Poutine sait aussi user du droit quand il réclamait l’application des accords de Minsk. Notons d’ailleurs aussi que la Suède ne se presse pas non plus pour accorder l’autorisation de réexport de ses avions Gripen que la République tchèque attend de livrer à l’Ukraine. Notons que les frontières de l’OTAN sont déjà aux portes de la Russie avec l’Estonie, la Lettonie, désormais la Finlande, la Roumanie, la Turquie et qu’il ne faut pas s’émouvoir des réactions de V. Poutine ni du fait que cela risque de renforcer l’autocratie du Kremlin comme le fait pourtant remarquer H. Védrine. L’engagement de ne pas étendre l’OTAN est souvent soutenu par les Russes répétant que James Baker et Hans Dietrich Genscher l’avaient annoncé du temps de Gorbatchev, déchu depuis. N. Sarkozy et A. Merkel, qui avaient demandé que Ukraine et la Géorgie y rentrent mais pas tout de suite sont désormais partis et tout est possible, la  constitution ukrainienne l’ayant même adoptée, comme le souligne Pierre Lellouche. On peut aussi comprendre une certaine légitimité du fait que l’Ukraine a été attaquée, au même titre que les anciens PECO s’y sont apparemment réfugiés.

 

Quant au « pourquoi et qui », il s’agit bien entendu de protéger le pays notamment dans la zone de voisinage et peut-être prochainement de l’UE qui le demande en urgence. Il s’agit aussi de capitaliser tous les efforts de l’OTAN depuis 2024 voire avant. C’est une suite logique avec un des pays qui sera désormais bien équipé, formé, avec des retours d’expérience précieux, qui va s’adapter au système OTAN sans doute plus rapidement que les anciens pays dits d’Europe Centrale et Orientale (PECO) qui ont du faire un saut extraordinaire, un allié stratégique qui a montré une capacité à combattre désormais que l’on voit que la menace est bien toujours réelle, sauf à considérer qu’il ne s’agit que d’une affaire entre cousins. Enfin un pays grand comme la France, en pleine restructuration financée par l’UE avec une richesse bien reconnue, déconstruite puis reconstruite par Staline et à nouveau par V. Poutine et qui pourra participer à la solidarité économique de l’article 2 de l’OTAN. L’entrée dans l’OTAN aura moins d’impact que celle dans l’UE qui est aussi une des raisons de l’invasion. Rappelons-nous que l’ancien président ukrainien déchu avait subi des pressions de Moscou et une fois s’y être réfugié, avait commencé sa conférence de presse en blâmant l’UE qui l’obligeait à changer l’écartement des voies de chemin de fer, élément assez stratégique. L’OTAN pourra jouer son rôle de vecteur d’intégration européenne où les Etats peuvent mieux se parler en détachement, même au niveau industriel et économique.

 

Au détriment de qui ? Quant à la Moldavie et de la Géorgie, espérons qu’elles ne seront pas sacrifiées dans un grand partage de négociation.

 

Comment qui complète le quand et le qui: une des questions les plus importantes est « avec quelles frontières » qui est le thème de conférences depuis 2014. Considérant que tous les pays membres de l’UE ont pour l’instant accepté une candidature avec les frontières d’origine, tout l’espoir est mis dans cette contre offensive. Il parait inconcevable d’intégrer un pays occupé, même si V. Poutine a déclaré avoir annexé les territoires occupés et en guerre, que ce soit pour l’OTAN ou l’UE avec une clause de défense mutuelle garantie grâce à l’OTAN, en entrainant de facto tout le monde immédiatement alors qu’actuellement et juridiquement, l’OTAN n’est pas en guerre. Les déclarations à Kiev et Ramstein sont faites en connaissance de cause. Elles sont sans doute aussi un jeu d’annonce pour montrer la force, maintenir le moral des troupes comme un jeu de négociation. Reste à savoir, si la contre offensive ne fonctionne pas, si les Ukrainiens accepteront le principe des Alsace semi Lorraine sans forcément perdre. La Crimée autrefois donnée en cadeau personnel à l’Ukraine serait-elle reconnue comme une Meilleure Solution de Rechange de V. Poutine alors qu’il la considère déjà comme acquise ?

 

Avec qui ? Même si un Français ira apparemment davantage mourir pour un Ukrainien qu’un Estonien, la France pays de poids dans l’OTAN sans vraiment l’utiliser, considérant comme la Turquie et les Etats-Unis, qu’elle n’en n’est pas dépendante, semble isolée cette fois pour sa volonté de maintien du dialogue quand tous les autres m’ont déjà coupé, avec un certain rapprochement avec l’Allemagne, réservée également. Même si la Pologne bloque désormais les céréales ukrainiennes, Il est certain qu’elle soutiendra cette adhésion. La Turquie quant à elle se tient prête pour faciliter le dialogue sans forcer les choix

 

La question du combien ne mérite même  plus d’être posée tant la dépense est large, hors mis les avions non encore fournis ou sinon avec quels risques et considérant sans doute que la liberté, la paix et la sécurité n’ont pas de prix.

 

Quant au contre qui et aux alliés possibles de la Russie, même si certains spécialistes font remarquer qu’un partenariat stratégique global, pour reprendre les mots diplomatiques et officiels, n’est pas une alliance, je répondrai qu’il faut veiller à la Chine qui peut dire et faire le contraire le lendemain ou sait s’adapter, si elle le veut, prise la main dans le sac. Rappelons-nous qu’elle fait déjà des manoeuvres en méditerranée avec la Russie et que le Président Xi galvanisa ses troupes à Djibouti en leur disant « préparez vous à la guerre ». Pour autant elle ne fera rien tant qu’elle ne sera pas prête ne voulant plus subir les affronts des anciennes défaites face au Vietnam, même si désormais elle est passée dans une autre dimension. Mais une certaine histoire est également écrite.

 

 

 

 

 

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