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Le blog philosophique de francois CHARLES

Le Grand Rubricabrak de l'intégration européenne

25 Juin 2023 , Rédigé par francoischarles Publié dans #europe

Les demandes d’intégration de l’Ukraine au sein de l’UE, mais également des Balkans, de la Moldavie et de la Géorgie, qui ont chacunes leurs spécificités, doivent nous faire réagir sur les options à adopter de façon mesurable, accessible, réaliste, réalisable et déterminées dans le temps et sur la base des retours d’expériences passés et des réalités anciennes, répétées et nouvelles, avec une certaine prise de considération des impacts, conséquences, engagements à prendre, ou trop rapidement pris, sous prétexte d’émotion vécue et de situation particulière. Evitons un rubricabrak, pour ne pas dire un nouveau bricolage, afin d’accueilir au mieux les possibles nouveaux entrants et éviter les déceptions perturbantes de part et d’autre.

Par François CHARLES

Economiste, conseil en stratégie et management, relations européennes et internationales, Président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe (I.R.C.E.) 

Avant et plutôt qu’apporter de grandes réponses toutes faites, posons-nous déjà les bonnes questions. Ne confondons pas non plus vitesse et précipitation. L’amitié et la solidarité, si possible non à sens unique, ne doivent pas empêcher de prendre des décisons la tête froide de façon logique plus qu’avec le cœur et l’émotion. En définitive, faire en connaissance de cause et de façon raisonnée.

Comme dans la négociation des grands accords internationaux, il est important de savoir qui est demandeur et pour quelle raison. Quand le socle européen occidental pense valeurs européennes sauvegardées au Conseil de l’Europe, dont état de droit et zone de paix, les nouveaux entrants pourtant plus propices aux perturbations et aux risques géopolitiques, pensent souvent économie sans vouloir se retrouver dans un nouveau système contraignant sous prétexte d’être libre. Sur la sécurité, l’OTAN est plutôt faite pour cela en attente d’une possible dynamique interne en la matière au-delà qu’industrielle, même si toute intégration y est soumise à approbation au consensus.

Nous avons entendu des élus raconter que les pays du centre europe (PECO) n’avaient pas été préparés notamment pour gérer la somme des fonds reçus que certains représentants de pays considéraient comme négligeables dans leur économie. Certes la politique de voisinnage n’était pas facile à mettre en place avant la chute du rideau de fer et que la vitesse de décison d’intégration a été surtout motivée par cette fenêtre ouverte, comme si elle risquait de se refermer.

Ne regrettons surtout pas la précédente intégration avec des pays à culture industrielle mais elle doit nous amener avec courage et lucidité à des analyses et de possibles recadrages. Si les fonds peuvent être bloqués au sein de l’Union pour l’état de droit,  la démocratie, la lutte contre la corruption, le blanchiement, parfois sur des régions et non un pays en globalité, n’oubions pas d’autres sujets juridiques et des attitudes de pilotage où tous les pays semblent être concernés, même les plus anciens fondateurs qui sont parfois loin d’être les meilleurs élèves.

Le cas ukrainien est-il différent ? Le bar est-il ouvert sous prétexte de guerre qui ne peut d’ailleurs faire rentrer le pays dans toute forme d’organisation, ce qui n’était pas le cas des pays du Centre Europe ? Certes à situation exceptionnelle mesure exceptionnelle mais devons-nous une nouvelle fois réagir dans l’urgence ? Devons nous accepter des dérogations ?  Et finalement peut-on faire confiance ? 

L’UE investit en Ukraine depuis 2014 pour aider à retructurer l’administration. Notons qu’il a fallu mettre une certaine pression à son actuel président soldat pour qu’il consente à limoger une liste de hauts responsables corrompus en échange d’armements et de sommes dédiées. La politique de voisinnage n’est pas forcément en cause car prévue pour le monde entier. Bien entendu, l’Ukraine semble européenne mais pourquoi entendons-nous aussi que la Commission européenne était obligée d’inviter officiellement l’Ukraine pour répondre à la provocation russe ? Quand on voit que cette même Commission a réagi néagativement aux actions des pays voisins de l’Ukraine sur le blocage des céréales, apparemment non canalisées, a-t-elle bien réfléchi au fait que l’intégration de ce pays va bousculer la Politique Agricole Commune (PAC), qui a été élaborée au lendemain de la guerre et tant mieux si cela va dans un sens positif, mais où sont les analyses ? Même si on y trouve les plus grandes centrales  nucléaires, comment doit on digérer cet énorme pays très disparate économiquement ? Les aides à la reconstructrion seront-elles gérées comme les fonds structurels et ces derniers seront-ils conditionnés ? Des sanctions envers l’Ukraine seront-elles acceptées  voire acceptables en cas de découverte d’éléments incorrects même si elle a connu l’horreur de la guerre d’agression ? Que dira madame Van der Leyen et M. Michels, très complaisants, s’ils sont encore en poste ? Les Etats-Unis ont semble-t-il plus de sang froid.

Les cas moldaves, géorgien et des Balkans ont aussi leurs spécificités et leurs points noirs sans réel points forts économiques pour l’UE sauf à considérer des intégrations davantage liées à des questions de paix et de sécurité, voire d’avantages territoriaux ou pour faciliter l’accès d’investissements et bénéficier de main d’œuvre plus facile d’accès.

Mais où est l’analyse des dernières intégrations avec des pays qui désormais défendent leurs efforts et s’opposent à faire plaisir aux nouveaux candidats et qui semblent vouloir prendre une certaine importance par acquis de confiance et grâce aussi à la guerre en Ukraine ? Où est l’analyse du Brexit qui n’est pas que le fruit d’une politique intérieure ? Pourquoi la Norvège, pourtant solidaire dans une certaine résilience, n’intègre-t-elle pas l’UE ? Quels sont les critères à risques de chaque cas ? En matière de finance, que penser par exemple des pays qui ne sont pas volontairement passés à l’euro ?

Le discours de séduction de Bratislava annonce une meilleure écoute mais sans doute pour mieux réorienter avec savoir-faire vers le socle des critères initiaux sans pour autant réviser la roue à cliquet des acquis, alors qu’il est pourtant possible de le faire comme dans toute politique générale d’organisation connaissant une augmentation de taille par croissance externe avec des identités différentes ou par impacts externes.

On entend enfin une proposition d’intégration progressive, déjà économique, qui bouleverse les postulats de base mais qui montre au moins que l’UE vit d’autre chose que de valeurs et d’eau fraîche. Pour autant, elle devra être faite de toute façon en dehors de l’UE car que deviendraient les actions actuelles de la Commission envers les pays membres récalcitrants à l’état de droit selon les règles européennes, dont les principes sont constatés dans les pays candidats ? Qu’en sera-t-il au lendemain de l’échec de l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans Shengen, peut être plus par rejet politique de certains pays que pour des questions de critères ? Que pensera-t-on du principe turc « on rentre et on verra » qui a aussi certaines limites de dépendance, comme quand l’UE s’est engagée à financer certaines infrastructures en Turquie pour éviter les flux migratoires.

 Y aurait-il des différences de vues entre les « grands pays » et les « petits pays » qui étaient aussi parfois de grands pays, quand ils se font entendre sur la décision à l’unanimité, au consensus plutôt que la majorité qualifiée ? Faut-il finalement de grands sursauts étatiques et institutionnels, certes gagne pain des parlementaires, ou simplement d’une part une révision de la méthodologie d’attribution pour en faire  moins mais mieux avec même de possibles réintégrations dans les états-membres historiques pour des besoins d’infrastructure et d’autre part surtout ensuite une meilleure gestion et pilotage des fonds ? La Communauté Politique Européenne, peut-elle être un sas d‘entrée mais que penser alors du positionnement du Conseil de l’Europe également en dehors des institutions exécutives, pour les non initiés qui s’y retrouvent ?

 

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Les clubs utilisateurs de défense français et européens

23 Juin 2023 , Rédigé par francoischarles

A l’heure des grandes manœuvres militaires, mais surtout industrielles, dont numériques et budgétaires, au-delà du quoi qu’il en coûte qui peut aussi être mis en place pour la défense, il était intéressant de rappeler l’apport des clubs utilisateurs avec leurs objectifs si possibles mesurables, réalistes et réalisables, au milieu de leurs réalités mais aussi bonifiables d’apports transverses multidomaines et transeuropéens ainsi que duaux, à la fois civils militaire et public privés.

 

Par François CHARLES

Economiste, ancien militaire de l’armée de terre puis responsable d’affaires industrielles européennes à la DGA, ancien responsable transformation Maintenance aéronautique, conseil en stratégie, management et affaires européennes, Président de l’Institut de Recherche et de Communication sur l’Europe (IRCE) et du comité défense.

 

Les objectifs peuvent être multiples : optimisation et valorisation des Retours d’expérience (Retex) sur les matériels en question mais aussi sur les autres matériels en service, échanges d’approches comparatives et de bonnes pratiques, avec décloisonnement sur l’opérationnel, la fabrication avec les aspects de normalisation, optimisation du maintien en condition opérationnelle notamment entre le territoire national et les opérations extérieures où la réalité est souvent cachée par l’effort accru, gestion des configurations, rénovation, fin de vie

 

La  remontée de tous les problèmes techniques, recherchée par les industriels, est essentielle,  en toute confiance et transparence notamment dans une logique cout/délais/performance. Les outils liés à l’utilisation tels les jumeaux numériques, intelligence artificielle, ont besoin de données venant des utilisateurs pour se nourrir et apporter d’autres solutions comme pour la maintenance prédictive.

 

Une veille, dont ouverte et partagée sur les clubs non européens ou sur les matériels non européens utilisés en Europe, est également importante dans une approche comparative avec les expériences dans le civil, qui fait la guerre tous les jours et qui a compris ce concept d’auto amélioration depuis longtemps tout en respectant certaines règles.

 

En France, la Délégation Générale pour l’Armement, jugée souvent trop administrative, et les Etats-Majors, avec des attitudes différentes terre, air, mer, qui limitent volontiers les retours techniques de peur de sanctions hiérarchiques, travaillent officiellement ensemble sur la fabrication en coordination avec les industriels. Si tout va bien officiellement,  les ressentiments sur le terrain sont parfois tout autres, où les autorités n’entendent ou ne veulent faire passer parfois qu’une certaine vérité.

 

Les équipes militaires de coordination de maintenance, en contact également avec les industriels, sont diversifiées. Les processus aéronautiques sont toutefois particuliers car les Etats-Majors possèdent encore un outil industriel, avec une identité proche des forces, mais qui ne travaille pas sur les mêmes produits que les industriels privés alors qu’il pourrait analyser toutes les propositions et animer de nombreux groupes d’optimisation, même et surtout à l’export avec la garantie de l’Etat.

 

Des clubs Etat-industrie existaient comme dans l’armement terrestre en 2013 puis disparurent par atteinte, mais peut être surtout manque de résultats ou par une certaine problématique de fonctionnement. D’autres organisations uniquement industrielles fonctionnent en Europe avec des buts et des fonctionnements différents. Citons les clubs NH90, Leclerc, Mistral, sans doute Caesar, Léopard, Bonus, Panther prochainement, l’existence de club aéronautique sur le partage opérationnel, les pièces de rechange, le Framework Nation Concept, de nombreux clubs OTAN et de nombreux autres à identifier et comprendre notamment sur l’espace. Un club Maintenance Aéronautique Militaire Européenne avait été lancé sur mon initiative en 2003 sans suite après mon départ.

 

Dans cette guerre technologique et économique transformée en économie de guerre, suite aux actions inédites de la Commission européenne et considérant qu’il s’agit notamment d’une optimisation industrielle et économique, ces initiatives devraient être reprises de façon globales et transverses par l’UE pour faciliter des synergies européennes, grâce notamment à l’Agence de Défense en relation avec les agences de procurement, d’innovation, de l’OTAN et son club industriel, mais également avec les industriels encore spécialisés défense ou ceux optimisant en leur sein des activités civiles et militaires, et pourquoi pas de personnes extérieures comme pour la Red team.

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RETOUR SUR L'APPEL DU 18 JUIN DE 2012

18 Juin 2023 , Rédigé par francoischarles Publié dans #politique

Mon appel du 18 juin en 2012

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